Aller au contenu

Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

modeste rouge, mais d’un rouge de sang et feu ; il s’était fait faire un gilet jaune, des culottes courtes, et, coiffé d’une toque écossaise, il se promenait au jardin du Luxembourg. Son apparition excita un tel enthousiasme, un si énorme délire de la foule, que les gardiens le saisirent, malgré sa résistance, et le transmirent aux gendarmes qui gardaient le palais, lesquels le confièrent aux sergents de ville du trottoir, finalement ceux-ci l’emmenèrent au poste.

Nous allâmes quelques heures après pour le réclamer ; or, il ne pouvait pas sortir, parce qu’il avait appartenu : 1° au ministère de l’Intérieur, entre les mains des gardiens du Luxembourg, d’où un rapport au ministère ; 2° à la place de Paris, au moment où les gendarmes s’étaient emparés de lui ; 3° à la préfecture de Police, et 4°, à la suite d’un rapport, au parquet de la Seine. Il y avait conflit entre ces divers pouvoirs. Il fallut douze heures pour les mettre d’accord. Étrange, n’est ce pas ? Mais bien administratif.

Voici le dessinateur Émile Cohl, l’exécuteur testamentaire du pauvre André Gill, auquel il a consacré un volume (chez l’éditeur Vanier).

Maurice Petit, sous-organiste à l’église des