Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/280

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reçu les hommages des peuples, il s’en alla prendre possession du Moulin de la Galette. Il s’y rendit, cachant ses vêtements royaux sous un ulster, accompagné par des peintres et des poètes armés de hallebarde, qui, tout le long de la butte, à l’ahurissement des populations, criaient : Vive le roi !

Et nous n’allâmes pas au poste.

Il est vrai qu’on chantait de temps à autre Grévy le Jurassique, et le Vive Grévy ! si ironique fût-il, compensait le séditieux : Vive le roi !

On m’en voudra peut-être de conter ces balivernes ; baste ! la vie n’est pas si drôle, pour qu’on ne se souvienne pas des heures où l’on s’est franchement amusé fût-ce aux dépens des affreuses Parques, et de rappeler aux autres qu’eux-mêmes ont eu leurs bons quarts d’heure.

Puis, après tant d’exploits de diverses sortes, je profitai d’une belle occasion pour fuir un peu Montmartre et aller au bord de la mer, mettre en ordre les pièces de vers éparses, qui devaient composer les Poèmes ironiques.