Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/282

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Derrière les massifs de pins et de sureaux
Où du portique ancien on voit les astragales,
Couchés dans les blés mûrs, ruminent les taureaux
Aux chants entrecoupés des bavardes cigales.

Tout le long des talus plantés de bouleaux blancs,
Parmi les chardons roux, les lézards en maraude
Scintillent aux rayons des midis accablants,
Comme de fins joyaux de jaspe et d’émeraude.

Dans les vallons riants de l’île Santorin,
Les filles, aux yeux noirs garnis de longues franges,
Par les sentiers perdus où croît le romarin,
Chassent les papillons aux corselets oranges.

Et le fier vagabond à l’œil inquiétant,
Repu des seins cuivrés de lubriques gitanes,
Sur un lit de fougère, au bord du vert étang,
Cherche le doux sommeil à l’ombre des platanes.

Je chante les étés brûlants, les lourds étés
Qui font mûrir, là-bas, le noir raisin des treilles,
Et s’épanouir les précoces pubertés.
Je chante les étés des Cyclades vermeilles.

Jean Moréas, disait ces vers d’une voix chantante avec un fort accent hellénique. Il vint assidûment au Chat noir et aux Hydropathes, lors de leur résurrection (de peu de durée).

D’autres encore débutaient, soit sur l’un, soit sur l’autre de ces chariots de Thespis de la poésie : c’étaient d’Esparbès, Jean Ajalbert,