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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/283

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Darzens. D’autres jeunes gens tels que René Ghill, F. V. Griffin, Henri de Régnier, Morice, se groupaient dans le quartier Latin, loin des Moulins de la Galette, auprès du vieux Panthéon sacré et du noble Odéon ; un nouveau journal se créait, Lutèce. Georges Rall et Léo Trézenick s’improvisaient imprimeurs, compositeurs mêmes, metteurs en pages, correcteurs, pour fabriquer de leurs mains ce recueil. Ils furent un peu agressifs contre les anciens camarades plus ou moins arrivés, et, soit par conviction, soit pour faire pièce aux concurrents, ils allaient redécouvrir Paul Verlaine, que l’injuste sort avait enterré vivant, et mettre en lumière Stéphane Mallarmé, dont le besoin, par exemple, ne se faisait point sentir non plus que celui de l’oublié Rimbaud. Enfin ! Dès lors, de nouveaux chefs étaient trouvés, non point des chefs personnalistes, disant à chacun : Fais à ta guise, pourvu que tu fasses bien ! non, mais la reconstitution des écoles et des chapelles. Les nouveaux venus se rallièrent autour du maître Verlaine, ou du chef Mallarmé, et de là devaient sortir les décadents (dont les déliquescents ne sont que les parodistes), les symbolistes et les instrumentistes. La très amusante