Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/286

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Et, pendant ce temps, nous autres, leurs aînés ? Richepin a écrit des volumes de prose et de vers et fait jouer un drame en prose, un drame en vers, une comédie en vers, un opéra-comique. Maurice Bouchor, après avoir longtemps été infidèle à la poésie pour courtiser la musique (oh ! bigamie !), vient de faire paraître un volume de vers intitulés Symboles, qui donne une synthèse des cultes anciens et nouveaux, éclos sur le terrain persistant de l’Idéal. Paul Bourget a dit adieu aux vers et à la critique, c’est le romancier à la mode, qui a pu transporter, sans dommage, la psychologie du critique dans le domaine vivant, et la faire accepter des foules. Maupassant tient la gloire par le bon bout. Raoul Ponchon a quitté sa tour d’ivoire et parle en vers chaque semaine aux lecteurs du Courrier français, ce recueil où Willette pose tantôt sa griffe, tantôt sa patte de velours, ayant pour compagnons Henri Pille, Heidbrinck, Uzès, Lunel, Forain, tandis que Jean Lorrain, le raffiné poète des Modernités, y jabote en jabot de dentelles, que Mermeix y secoue le fouet de la satire, que Roger-Milès, directeur du Monde poétique, un recueil de haute valeur et Mauvrac s’y donnent la réplique