ils la transportaient dans l’ampleur des phrases, dans la modulation des rythmes, dans l’agencement des mots considérés comme de simples notes dans une partition, comme des timbres dans un orchestre, sans qu’ils aient à correspondre à n’importe quelle idée précise autre que le son. C’était Stéphane Mallarmé et son fidèle disciple René Ghill, qui écrivit : Légendes d’âmes et de sang.
Puis, voici les symbolistes. Le verbe n’est pas seulement un son, c’est un symbole, et la phrase, — pas la phrase peut-être, — le jet est composé de verbe ; le jet des verbes est symbole ; il faut donner sinon la compréhension, au moins l’appréhension des choses intangibles, à peine vues, qui s’en vont vite, loin. C’est, si j’ai compris, le système de Moréas et de G. Kahn. Et, sur les ruines de Lutèce (le journal, hé là, pas d’erreur !), ils se battent, ils se sont battus plutôt, car, aujourd’hui, la Revue indépendante, organe des symbolistes, est le seul qui reste de cette fuligineuse mêlée. Là, le talent abonde. Après les exagérations permises, cette école, comme toutes les écoles éprises d’art, fournira son œuvre. Je le souhaite sincèrement.