Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/50

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conservent les minces cadavres épinglés ! laissons les oiseleurs de syllabes, qui emprisonnent les rythmes derrière des règles en fil de fer ! il vaut mieux préférer à tous ces poèmes des îles lointaines, à tous les cacatoès, aux aras, aux cardinaux et autres volatiles rares que l’on montre avec orgueil dans une volière dûment close, les simples corbeaux du Luxembourg, et les pinsons du jardin des Plantes, et les vulgaires moineaux des squares. »

Aussi, passant leste et dédaigneux devant la chapelle des bouquetiers, et l’hôtel de Rambouillet des oiseleurs, il s’esbaudissait dans la rue vivante, et donnait des chansons joyeuses à qui voulait les entendre.

Il reniait surtout cette parole d’un ciseleur de rimes :

Et nous faisons des vers émus très froidement.

Il s’émouvait pour un rien au contraire, et sans faux dandysme, chantait ses impressions, comme d’autres, à la même époque, essayaient de les transporter sur la toile.

Plus d’une parmi ces jeunes chansons est restée dans la mémoire de ceux qui les entendirent. Voici, au hasard :