Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/49

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clés, exhalaient une odeur fade de vieilles cathédrales, de pagodes exotiques, de consistoires allemands, de cierges bibliques et de vieux frocs : morne rebut de chapelle obscure et salpétrée. »

Ainsi pensait à cette époque le révolutionnaire Maurice Bouchor ; il opposait la simplicité de sa manière aux procédés alambiqués, et son amour du plein air à ces effluves de logis clos.

Avec une audace d’étudiant qui cale l’école et fait la poule, il narguait les maîtres doctrinant en chaire, et courait vers la rue vivante, pour jeter ses impressions aux passants, comme, durant le carnaval de Nice, on se bat à coups de fleurs.

« Lâchons, semblait-il dire aux camarades, lâchons ces professeurs d’horticulture poétique, qui prennent les roses pour les empaqueter symétriquement et les mettre, en bouquets trop bien liés, sur de solennels cénotaphes ! lâchons les herborisants personnages qui cueillent des violettes fraîches et vivantes, au revers des talus dans les bois, pour les cataloguer en un herbier ! lâchons les collectionneurs de papillons qui se croient sages en contemplant les prodigieuses couleurs que