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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/60

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Seulement la société, représentée par les juges de la police correctionnelle, se vengea cruellement du poète : un mois de prison pour attentat aux mœurs, privation des droits civils et politiques, etc. Ah ! tu es roi des gueux, attends ! tu ne seras jamais, là, jamais de la vie, conseiller municipal.

Le poète des gueux fit son mois de prison à Sainte-Pélagie. Le soir de la sortie, des étudiants enthousiastes le portèrent en triomphe au bal Bullier. André Gill, qui, lui, n’avait jamais été porté en triomphe, se contenta de déclamer avec cet accent inimitable, où l’on ne savait démêler si le dessinateur se moquait de ses auditeurs ou s’il parlait sérieusement : Moi ! si j’entrais dans Paris sur un cheval blanc on me nommerait empereur !

La Chanson des Gueux avait été poursuivie et condamnée pour deux ou trois pièces, dans lesquelles le poète abordait carrément certaines réalités dont, tous les jours, il est parlé dans les faits divers et le compte rendu d’une multitude de journaux.

Mais, chut ! la thèse n’en est pas ici de mise ; en cette occurrence, je m’en réfère plutôt à la