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Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/11

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de deux flambeaux : il ajoute : « C’est un présent d’un auteur à qui j’ai fait avoir un tour. Ils sont si honnêtes, si reconnoissans, ces pauvres auteurs ». Ensuite jettant, par distraction, les yeux sur une console : « J’ai dit vingt fois qu’on me fit venir le tapissier, pour savoir ce que je pourrai mettre là-dessus ». Cette console a l’air d’une pierre d’attente. L’assemblée s’escrime en projets : l’on propose une pendule, l’autre un cabaret : « Fi donc, reprend l’amphitrion, idées bourgeoises, mon sallon est rempli de ces drogues.

J’ai l’imagination vive : « oui, repris-je, M. Molé a raison. Moi, je veux voir sur ce meuble un parnasse en biscuit de porcelaine. Apollon, les muses et leurs plus chers favoris s’y grouperont agréablement. » On se récrie, mon idée est ingénieuse : bravissima, répétoient madame Raymond et tous les convives : « Non, reprit le sieur Molé, ce seroit trop cher ; il faudroit commander ce morceau. — Oh l’excellent homme, (me disois-je à part, moi,) qui s’occupe, incognito, de m’avoir un tour ! » Et je pars : je vole dans toutes les manufactures de porcelaine, je furète, je m’intrigue, et je trouve ce morceau précieux : on ne l’auroit pas pour cent louis, assuroit le marchand, s’il falloit