Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/50

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heureuse, me disoit-on, de tous les chagrins des tracasseries que ce drame vous a attirées ! Il va se jouer à l’époque la plus intéressante, dans le moment de l’explosion des sentimens d’humanité en faveur des nègres. Moi bonne, moi simple, moi crédule, je donne dans toutes ces flagorneries, et me voilà de nouveau enthousiasmée de la candeur et des vertus comiques. Le sort de ma pièce m’inquiète cependant ; le grand jour de la représentation approche ; le soutiendra-t-elle ? Demain toute illusion cessera, demain… ! Et j’apprends que les Colons ont intrigué ; qu’il s’est donné des soupers ; que probablement on a amalgamé au redoutable mélange d’or et de plaisirs, qu’une cabale terrible s’est formée contre mon drame. La toile se lève, la cabale s’élance : l’excellent homme ! Molé, le grand Molé, s’épuise en efforts pour être mauvais ; et en effet, il devient détestable : mais l’intérêt de mon drame combat puissamment en ma faveur ; l’action est chaude, vivement soutenue ; enfin, le champ de bataille me reste, et je triomphe.

Oh ! trois fois excellent homme ! Ce n’étoit pas votre compte. À travers les brouhaha, les hurlemens, les paix-là, j’avois apperçu d’heureux changemens à faire : j’y vais travailler, et