Page:Gouges - Description de la fete du 3 juin, 1792.djvu/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la constitution ? Le moment est arrivé de confondre les malveillants, et de dissiper les nuages qui nous dérobent la bienfaisante vérité. Je ne puis vous le dissimuler, madame, les bons citoyens voyent des deux côtés, le despotisme et l’esclavage, sous des formes très-différentes ; mais la masse des bons citoyens est trop imposante, pour qu’aucune action puisse jamais lui faire retracter le serment qu’elle a fait de maintenir le monument qu’elle a élevé pour la postérité. C’est à vous, madame, qu’il appartient de donner à la fête décrétée tout l’éclat dont elle est susceptible. Le peuple français, juste, généreux, vous verra avec reconnaissance répandre sur des citoyennes indigentes cette bienfaisance qu’une reine peut orner de tant de grâces ; je crois, madame, prévenir vos vœux, en vous indiquant la manière d’appliquer vos bienfaits dans cette occasion : ce seroit de charger le département de faire distribuer deux cents voiles, ceintures et couronnes, pour des demoiselles qui vivroient chez leurs père et mère, et qui seroient admises au cortège par un billet de la section qui attestera la régularité de leurs mœurs. Il appartient plus particulièrement à la beauté, ornée du diadème, d’encourager les vertus de son sexe. Me permettrez-vous, madame, de finir par quelques réflexions philosophiques ? Puissent-elles vous rappeler à cette popularité si touchante, qui vous caractérisoit, lorsque vous montiez le premier trône du monde !