Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/4

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des ouvrages où le génie naturel eſt ſecondé par toutes les reſſources de l’art ? Cela doit-il diminuer la reconnoiſſance & la vénération que nous devons à ces premiers Ecrivains qui nous ont tracé par de ſentiers raboteux la grande & vaſte carrière que nous parcourons ? Partant du même point d’où ils ſont partis, je m’arrête dans un de ces ſentiers, où ſans doute ma place eſt fixée ; & je me garderai bien de faire de nouvelles obſervations, de crainte d’être entraînée dans des réflexions philoſophiques, d’où mes foibles moyens ne me permettroient pas de me tirer avec gloire. Ce ſeroit donner une nouvelle matiere à quelques-uns de nos pédans & puriſtes de me traiter avec une rigueur barbare, qui décourage les talens naiſſans, & qui fait trembler une femme. Il eſt cependant des ſages, des hommes juſtes & éclairés faits pour connoître le mérite qu’il y a de produire même un foible ouvrage, & dont la cenſure moderée eſt plus propre à inſtruire qu’à effrayer. Voilà les hommes équitables dont le jugement ne ſe dément jamais ; ils m’en ont donné les preuves les plus ſenſibles[1]. C’eſt à

  1. Voyez les petites Affiches du 12 janvier par M. l’Abbé Aubert ; le Mercure du ſamedi 4 mars ; le Courier Lyrique du 15 février ; le Journal de Nanci du même mois.