Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/45

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gaierai. Vous êtes triſtes depuis quelques jours, & je ne ſais pas pourquoi

Le vieux Montalais, à part.

Héla, tout le monde ſeroit bientôt inſtruit de nos malheurs, ſi nous ne les dérobions à l’imprudence de ſon âge. Puis-je eſpérer que mon fils ait obtenu quelque délai de la part de ce cruel Durand ? Ô mes pauvres enfans, vous ne faites que prolonger mes peines, ſans pouvoir me garantir du coup fatal dont je ſuis menacé.

Marianne.

Mon pere, vous m’affligez ; ceſſez de vous livrer au chagrin : attendons le retour de mon frere.

Le vieux Montalais, à part.

Ce n’eſt pas pour moi que je m’allarme. Tâchons de ne pas accroître ſa douleur.

[Haut.]

J’eſpere qu’il nous apportera de bonnes nouvelles… Chante, Laurette.

Laurette.

Oh, je n’en ai plus envie : mais je veux vous raconter ce que j’ai vu chez cette jolie Dame, qui porte mon nom, & que vous connoiſſez bien.

Marianne.

Ah, j’entends, c’eſt cette jeune femme, toujours tourmentée par des vapeurs, & qui demeure chez ſon pere, pour qui nous travaillons depuis peu…

Laurette.

Tout juſte. Oh, qu’elle eſt gentille, & ſon pere bien