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Page:Gouges - L esclavage des noirs (1792).djvu/50

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DRAME.

Mme DE SAINT-FRÉMONT.

Mais, mon ami, vous êtes-vous déterminé vous-même à l’abandonner ?

M. DE SAINT-FRÉMONT.

Qui, moi ? avoir abandonné une femme ſi intéreſſante ? Ah ! la plus longue abſence ne me l’auroit jamais fait oublier. Je ne pouvois l’épouſer ſans le conſentement de tous mes parens. Elle devint mère d’une fille. On découvrit notre liaiſon ; je fus éloigné. On obtint pour moi un brevet de Capitaine dans un régiment qui partoit pour l’Inde, & l’on me fit embarquer. Peu de tems après on me donna la fauſſe nouvelle que Clariſſe étoit morte, & qu’il ne me reſtoit que ma fille. Je te voyois tous les jours ; ta préſence affoiblit avec le tems l’impreſſion que l’image de Clariſſe faiſoit encore ſur mon cœur. Je ſollicitai ta main, tu acceptas mes vœux, & nous fûmes unis ; mais par un raffinement de barbarie, le cruel parent qui m’avoit trompé m’apprit que Clariſſe vivoit encore.

Mme DE SAINT-FRÉMONT.

Hélas ! à quel funeſte prix j’ai le bonheur d’être ton épouſe ! mon ami, tu es plus malheureux que coupable. Clariſſe elle-même te