Page:Gouges - L esclavage des noirs (1792).djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

pardonneroit, ſi elle étoit témoin de tes remords. Il faut faire les plus vives recherches, pour que ton bien & le mien puiſſent t’acquitter envers ces infortunés. Je n’ai point d’autres parens que les tiens. Je fais ta fille mon héritière ; mais ton cœur eſt un tréſor qu’il n’eſt pas en mon pouvoir de céder à une autre.

M. DE SAINT-FRÉMONT.

Ah ! digne épouſe, j’admire tes vertus. Hélas ! je ne vois que Clariſſe qui fut capable de les imiter. C’eſt donc aux deux extrémités du monde que j’étois deſtiné à rencontrer ce que le sexe a de plus vertueux & de plus aimable !

Mme  DE SAINT-FRÉMONT.

Tu mérites une compagne digne de toi ; mais, mon ami, ſonge qu’en t’uniſſant avec moi tu conſentis à prendre le nom de mon père, qui, en te donnant ſon nom, n’avoit d’autre but que de te céder ſa place comme à ſon fils adoptif. Il faut écrire à tes parens, ſur-tout à tes plus fidèles amis, qu’ils faſſent de nouvelles recherches, & qu’ils nous donnent promptement des nouvelles de ces infortunés. Je crois, mon ami, que j’aurai la force de m’éloigner de vous pour aller chercher