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Page:Gouges - Remarques patriotiques, 1788.djvu/14

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existe & que je ne puis vous exprimer sans frémir, est l’état déplorable d’un tiers du Peuple, & du tiers le plus recommandable ; les mâçons, les hommes qui travaillent à la terre, qui n’ont pour toute fortune que les travaux de leurs bras pour nourrir leurs femmes & leurs enfans. Depuis un mois que l’entrée de l’hiver s’est manifestée avec la plus grande rigueur, les travaux sont arrêtés ; les malheureux ouvriers manquent d’ouvrage & de pain pour leurs enfans ; la plupart n’ayant pour asyle que d’affreux greniers ; sans feu, sans secours de personne ; que deviennent-ils ? Des scélérats involontaires, & que la nature & la misère ont forcés au crime : ce triste spectacle se représente à chaque instant du jour. Il est un autre genre de malheureux ; ce sont les vieillards. Ah ! combien leur fort m’intéresse. Dans la belle saison ils s’occupent encore de quelques travaux qui les aident à traîner le reste d’une misérable vie ; mais dans l’hiver, dans les gelées, les glaçons de