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citoit son hôte de lui donner l’hospitalité pour la nuit ; ce tigre eut l’affreux courage de lui refuser. Ce pauvre vieillard monta à la dérobée vers son cabinet ; &, s’assit, sur le pas de la porte de son misérable taudis, où l’attendoit sa fin cruelle. Minuit n’étoit pas sonné, qu’il n’étoit plus de ce monde. On ne voit que semblable événement dans Paris ; le pain est cher, les travaux ne vont plus, & les malheureux manquent de tout. Il y a cependant de belles ames qui font de bonnes actions en faveur de l’indigence ; mais c’est dans des mains étrangeres qu’ils font passer leurs bienfaits. Leurs dons sont toujours mal distribués, & ce n’est presque jamais les vrais infortunés qui sont véritablement secourus dans Paris. Ah ! que ne peut-on fonder des maisons qui ne seroient ouvertes que dans l’hiver pour les ouvriers sans travail, les vieillards sans forces, les enfans sans appui.

O Reine ! ô juste Monarque ! veuille l’humanité souffrante que mon récit vous