Page:Gouges - Sera-t-il roi (1791).djvu/4

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Vous étoît attachée par des liens indiſſolubles, & les inſtigateurs du projet le plus noir vous ont porté à les rompre. Un jour vous a fait perdre cet amour, c’eſt le jour de votre départ ; mais croyez, Sire, que cet amour n’eſt pas encore éteint dans tous les cœurs, ſi le retour de vos vertus, peut nous être garant de la pureté de vos intentions. Mais il eſt temps d’en donner une preuve ſolemnelle ; les circonſtances, les événemens guident les hommes, & changent à leur gré l’eſprit des Gouvernemens : il faut vous ſoumettre à cette loi plus forte que de vains préjugés, il faut changer l’eſprit de votre Cour ; faire une réforme totale de votre Maiſon, de même de celle de la Reine, de Madame Royale, de Madame Eliſabeth, & régénérer entièrement, comme la Constitution, cette Cour gangrenée ; mettre à la place des Ariſtocrates, des anciens Nobles Patriotes, ainſi que des Citoyens & Citoyennes connus de même par leur patriotiſme.

Ce changement de votre part vous aſſure, Sire, le retour des François qui ne pourront plus douter que vous avez été trompé ; c’eſt le vœu de l’Aſſemblée qui n’a d’autres intérêts que ceux de la Patrie, de la Monarchie Françoise, d’achever la Conſtitution & d’aſſurer le bonheur du Peuple. Voilà, Meſſieurs, le ſeul moyen favorable qu’il vous reſte à prendre & et que vous n’avez pas encore ſaiſi. Il s’agit donc de ralier le Pouvoir exécutif au Pouvoir légiſlatif : le Roi & le Peuple, plus d’intermédiaire entre ces deux Puiſſances ; c’eſt le principe de la Conſtitution, ce doit être votre vœu le plus cher, & jamais médiation ne ſera plus mémorable, digne enfin des Légiſlateurs François. Ceux qui ne veulent plus de Monarchie, & qui tendent évidemment à une République, interprètent la démarche du Roi comme une hoſtilité qui ne doit pas reſter impunie ; je demande auſſi ſi l’affaire du 6 octobre n’eſt pas une hoſtilité, & ſi l’on s’eſt de même écrié contre l’oubli de cette affaire.

Les deux partis contraires, je le répète,