Page:Gouges - Testament (1793).djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(12)

L’ambition vous dévore ; et ce vautour qui vous ronge et vous déchire sans relâche, vous porte au comble de tous les excès. Peuple aimable, devenu trop vieux, ton règne est passé, si tu ne l’arrêtes sur le bord de l’abîme. Jamais tu ne fus plus grand, plus sublime que dans le calme majestueux que tu sus garder au milieu des orages sanguinaires, dont les agitateurs viennent de t’environner ; rappelle-toi qu’on peut te rendre les mêmes pièges ; et si tu peux conserver ce calme et cette auguste surveillance, tu sauves Paris, la France entière et le gouvernement républicain.

C’est toi Danton que je choisis pour le défenseur des principes que j’ai développés à la hâte et avec abondance de cœur dans cet écrit. Quoique nous différions dans la manière de manifester notre opinion, je ne te rends pas moins la justice qui t’est due, et je suis persuadée que tu me la rends aussi ; j’en appelle à ton profond discernement, à ton grand caractère ; juges-moi. Je ne placarderai pas mon testament ; je n’incendierai pas le peuple de Paris ni les départemens ; je l’adresse directement, et avec fermeté, aux jacobins, au département, à la commune, aux sections de Paris, où se trouve la majorité saine des bons citoyens, qui, quels que soient les efforts des méchans, sauvera la chose publique.

Signé, OLYMPE DE GOUGES.

Ce 4 Juin 1793, l’an deuxième de la
république française.