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Page:Gouges - Zamore et Mirza - 1788.djvu/102

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dit, je ne ſçais rien, & c’eſt au haſard que je ſoumets mes obſervations bonnes ou mauvaiſes. Le ſort de ces infortunés doit m’intéreſſer plus que perſonne, puiſque voilà la cinquième année que j’ai conçu un ſujet dramatique, d’après leur déplorable Hiſtoire.

Je n’ai qu’un conſeil à donner aux Comédiens François, & c’eſt la ſeule grace que je leur demanderai de ma vie : C’eſt d’adopter la couleur & le coſtume negre. Jamais occaſion ne fut plus favorable, & j’eſpere que la Représentation de ce Drame produira l’effet qu’on en doit attendre en faveur de ces victimes de l’ambition.

Le coſtume ajoute de moitié à l’intérêt de cette Piece. Elle émouvera la plume & le cœur de nos meilleurs Ecrivains. Mon but ſera rempli, mon ambition ſatisfaite, & la Comédie s’élevera au lieu de s’avilir par la couleur.

Mon bonheur ſans doute ſeroit trop grand, ſi je voyois la Repréſentation de ma Pièce, comme je la deſire. Cette foible eſquiſſe de manderoit un tableau touchant pour la Poſtérité. Les Peintres qui auroient l’ambition d’y exercer leurs pinceaux, pourroient être conſidérés comme les Fondateurs de l’Humanité la plus ſage & la plus utile, & je ſuis ſûre d’avance que leur opinion ſoutiendra la foibleſſe de ce Drame, en faveur du ſujet.

Jouez donc ma Pièce, Meſdames & Meſſieurs, elle a attendu aſſez longtems ſon tour, ſi dans toute la droiture il n’eſt pas déjà venu pluſieurs fois. La voilà imprimée, vous l’avez voulu ; mais