Page:Gouges - Zamore et Mirza - 1788.djvu/103

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toutes les Nations avec moi vous en demandent la repréſentation, perſuadée qu’ils ne me démentiront pas. Cette ſenſibilité qui reſſembleroit à l’amour-propre chez tout autre que chez moi n’eſt que l’effet que produiſent ſur mon cœur toutes les clameurs publiques en faveur des hommes Nègres. Tout Lecteur qui m’a bien appréciée ſera convaincu de cette verité.

Mais avec vous, Meſdames & Meſſieurs, je dois me juſtifier après m’avoir voulu prêter un ridicule à l’égard de Molière & au ſujet de M. Mercier, que je chéris & que j’eſtime à plus d’un tittre, puisqu’il a été avant moi ſi maltraité par vous ; mais c’eſt un parfait honnête homme. Il ne connoît pas les adulations ni la baſſe jalouſie de tous les petits Littérateurs, & je ne m’étonne point ſi vous n’avez pas ſçu l’apprécier. Je ne doute pas, malgré tous les griefs que je dois avoir contre vous, que vous ne ſoyez en état de rendre juſtice, quand vous le voulez bien ; mais il faut convenir que vous ne le voulez pas ſouvent. Le faux vous plaît pour votre caractère, & pour votre talent des phraſes bien tournées. Les tournures Dramatiques vous échappent, c’eſt cependant ce que vous devriez le mieux ſaiſir. Enfin paſſer-moi ces derniers avis, ils me coûtent cher, & je crois à ce prix pouvoir vous les donner. Adieu, Meſdames & Meſſieurs ; après mes obſertions, jouez ma Pièce comme vous le jugerez à propos, je ne ſerai point aux répétitions. J’abandonne à mon fils tous mes droits ; puiſſe-t-il en faire un bon uſage, & le préſerver de devenir Auteur