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Page:Gouges - Zamore et Mirza - 1788.djvu/104

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pour la Comédie Françoiſe ? S’il me croit, il ne griffonnera jamais de papier en Litérature. Cependant je n’ai pas pu l’empêcher de ſe livrer à l’impulſion générale. La fille de Noyon en a fait un Auteur tout-à-coup. Les belles actions de Monſeigneur le Duc d’Orléans ont excité ſa plume. J’avoue que j’y ai contribué pour quelque choſe dans les anecdotes, & ſans le but qui règne dans cette bagatelle, cette production ne ſeroit pas ſoutenable, j’aurois pu la laiſſer ſous l’anonime ; mais étant convaincue que c’eſt pitoyablement écrit, je la mets à la fin de mon dernier Volume. Il y a des Auteurs qui gardent toujours le myſtère à moins qu’ils ne réuſſiſſent ; mais moi je ne vois pas un déshonneur dans un médiocre écrit, & celui-là mérite de l’indulgence, tant pour le but que pour le tems ; mais il a retouché ſon plan de la fille de Noyon, & avec un de ſes amis ils en ont fait un Opéra-Comique, que je crois ſuſceptible de quelques ſuccès ; mais je dois faire connoître au Public l’Auteur, & convenir encore que les choſes les plus mauvaiſes ſont de mon ſtyle. Je m’en ſuis occupée une heure au plus, & je n’y avois point réfléchi, & mon fils n’a pas été plus ſage, & ma médiocrité dans ce genre n’a fait qu’affoiblir ſon premier eſſai. Je demande donc pour lui de l’indulgence, & pour moi la plus grande rigueur ; j’en fais d’avance amende honorable. Et pour que mon Lecteur veuille bien me pardonner, je le prie de ſe ſouvenir de Zamor & Mirza & du ſiècle des Grands-Hommes. Il oubliera bientôt qu’en mère marâtre j’ai trempé dans le ſujet de la Bonne Mère.