Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/10

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ou sous un mot sans importance apparente, mais qui se rencontrent avec la disposition d’esprit ou le besoin du moment. Le fait le plus indifférent, le mot le moins prémédité est souvent une opportunité ; j’en ai fait l’expérience, et ce qui m’a été utile ou salutaire peut l’être à d’autres.

Dans des « Mémoires », on a beaucoup, on a même à chaque instant à parler de soi. J’ai tâché de le faire avec impartialité dans mes jugements ; je l’ai fait avec exactitude et véracité dans le récit des événements, ou lorsqu’il s’agit de rapporter les paroles d’autrui à mon sujet. J’ai dit avec sincérité ce que je pense de mes ouvrages ; mais le hibou se trompait dans son jugement sur ses petits, et je ne suis pas plus que lui à l’abri de l’illusion. Le temps, s’il s’occupe de moi, donnera la mesure de mes appréciations ; c’est à lui que je m’en rapporte pour me mettre à ma place,