Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/256

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notre nouvelle habitation, après dix-huit jours passés au sein d’une sérieuse et sincère hospitalité. Il y a des Anglais qui, pour les Français, ne sont pas l’Angleterre : la part que nos dignes et excellents Brown prennent à notre détresse est là pour le prouver.

Toutefois, la tranquillité extérieure que nous sommes venus chercher ici est loin de nous tranquilliser au dedans. Plus cette effroyable sanglante guerre d’orgueil et d’extermination se prolonge, plus je sens ma vie se consumer de deuil pour mon pauvre pays, et tout ce qui me détourne de ce regard triste que je ne puis détacher de ma France m’irrite comme une injure, loin de me soulager comme un bienfait.

Malheureuse terre ! misérable habitation des hommes, où la barbarie n’a pas encore cessé non seulement d’être, mais d’être de la gloire, et de faire obstacle aux rayons purs et bienfaisants de la seule vraie gloire, celle