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Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/291

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lement, se décolore et se fane, chaque jour davantage, au contact de cette perpétuelle cohue, d’où l’on ne rapporte plus qu’une activité superficielle, haletante, fiévreuse, qui s’agite convulsivement sur les ruines d’un équilibre à jamais rompu. Adieu les heures de calme, de lumineuse sérénité qui seules permettent de voir et d’entendre au fond de soi-même ; peu à peu délaissé pour l’agitation du dehors, le sanctuaire auguste de l’émotion et de la pensée n’est bientôt plus qu’un cachot sombre et sourd, dans lequel on meurt d’ennui faute d’y pouvoir vivre de silence.

Si, du moins, le temps qu’on donne était toujours utilement donné ! Si on ne se dépensait que pour des êtres capables ! Si on n’encourageait que des êtres courageux ! Mais que de peines perdues ! Que de conversations creuses ! Que de non-valeurs qui flottent à la surface de cet