Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/303

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atmosphère spéciale, et, par conséquent, leurs conditions spéciales de respiration et d’asphyxie : gardons-nous de les enlever à l’élément qui les fait vivre, et de les étouffer sous ce que Joseph de Maistre a si justement appelé « l’horrible poids du rien ».

Oh ! je le sais et je le confesse ; l’artiste est un être à part, singulier, anormal, bizarre : c’est un original. D’accord. S’il en fait souffrir, il en souffre aussi, et souvent beaucoup plus qu’on ne croit. Mais, après tout, c’est peut-être à ce qu’il est qu’il faut s’en prendre de ce qui lui manque, comme, peut-être aussi, est-ce un peu à ce qui lui manque qu’il doit ce qu’il vaut. Prenons-le donc pour ce qu’il est, laissons-le être tel qu’il est ; c’est le seul moyen de le laisser devenir tout ce qu’il peut être.