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Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/324

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données et, si je puis ainsi parler, de la mise de fonds de la nature ?

La sublime fonction de l’homme, c’est d’être positivement, et à la lettre, un nouveau créateur de la terre. C’est lui qui, en tout, est chargé de la faire ce qu’elle doit devenir. Non seulement par la culture matérielle, mais par la culture intellectuelle et morale, c’est-à-dire par la justice, l’amour, la science, les arts, l’industrie, la terre ne s’achève, ne se conclut que par l’homme à qui elle a été confiée pour qu’il la mît en œuvre, « ut operatur terram », selon le vieux texte sacré de la Genèse.

L’artiste n’est donc pas simplement une sorte d’appareil mécanique sur lequel se réfléchit ou s’imprime l’image des objets extérieurs et sensibles ; c’est une lyre vivante et consciente que le contact de la nature révèle à elle-même et fait vibrer ; et c’est précisément cette vibration qui est