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Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/325

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l’indice de la vocation artistique et la cause première de l’œuvre d’art.

Toute œuvre d’art doit éclore sous la lumière personnelle de la sensibilité, pour se consommer dans la lumière impersonnelle de la raison. L’art, c’est la réalité concrète et sensible fécondée jusqu’au beau par cette autre réalité, abstraite et intelligible, que l’artiste porte en lui-même et qui est son idéal, c’est-à-dire cette révélation intérieure, ce tribunal suprême, cette vision toujours croissante du terme final vers lequel il tend de toute l’ardeur de son être.

S’il était possible de saisir directement l’idéal, de le contempler face à face dans la vision complète de sa réalité, il n’y aurait plus qu’à le copier pour le reproduire, ce qui reviendrait à un véritable réalisme, supérieur assurément, mais définitif et qui, du même coup, supprimerait chez l’artiste les deux facteurs de son œuvre, la fonction