Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/326

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personnelle qui constitue son originalité, et la fonction esthétique qui constitue sa rationalité.

Telle n’est pas la position de l’idéal vis-à-vis de l’œuvre d’art. L’idéal n’est reproductible d’aucune façon adéquate ; il est un pôle d’attraction, une force motrice, on le sent, on le subit ; c’est « l’excelsior » indéfini, le « desideratum » impérieux dans l’ordre du beau, et la persistance de son témoignage intime est la garantie même de son insaisissable réalité. Dégager du réel inférieur et imparfait la notion qui détermine et mesure le degré de conformité ou de désaccord de ce réel dans la nature avec sa loi dans la raison, telle est la fonction supérieure de l’artiste ; et ce contrôle du réel dans la nature par sa loi dans la raison est ce qu’on nomme « l’esthétique ». L’esthétique est la « rationalité du beau ».

Dans l’art, comme en tout, le rôle de