Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/339

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incompétente devant cette petite audacieuse de personnalité qui a bien le front de venir donner en face un démenti aux habitudes invétérées et à la routine régnante ? Voltaire n’a-t-il pas dit (lui, l’esprit s’il en fut) que personne n’avait autant d’esprit que tout le monde ? Et le suffrage universel, cette grande conquête de notre temps, n’est-il pas le verdict sans appel du souverain collectif ? La voix du peuple n’est-elle pas la voix de Dieu ?…

En attendant, l’histoire, qui marche toujours et qui, de temps à autre, fait justice d’un bon nombre de contrefaçons de la vérité, l’histoire nous enseigne que partout, dans tous les ordres, la lumière va de l’individu à la multitude, et non de la multitude à l’individu ; du savant aux ignorants, et non des ignorants au savant ; du soleil aux planètes, et non des planètes au soleil. Eh quoi ! vous voulez que trente-six millions