Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/344

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tants, en France comme à l’étranger, Berlioz a été contesté toute sa vie ; en dépit d’exécutions auxquelles sa direction personnelle de chef d’orchestre éminent et son infatigable énergie ajoutaient tant de chances de réussite et tant d’éléments de clarté, il n’eut jamais qu’un public partiel et restreint ; il lui manqua le « public », ce tout le monde qui donne au succès le caractère de la popularité : Berlioz est mort des retards de la popularité. Les Troyens, cet ouvrage qu’il avait prévu devoir être pour lui la source de tant de chagrins, les Troyens l’ont achevé : on peut dire de lui, comme de son héroïque homonyme Hector, qu’il a péri sous les murs de Troie.

Chez Berlioz, toutes les impressions, toutes les sensations vont à l’extrême ; il ne connaît la joie et la tristesse qu’à l’état de délire ; comme il le dit lui-même, il est un « volcan ». C’est que la sensibilité