Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/64

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taire leçon. On donnait aux Italiens le Don Giovanni de Mozart. Ma mère m’y conduisit elle-même ; et cette divine soirée passée auprès d’elle, dans une petite loge des quatrièmes du Théâtre-Italien, est restée l’un des plus mémorables et des plus délicieux souvenirs de ma vie. Je ne sais si ma mémoire est fidèle, mais je crois que c’est Reicha qui avait conseillé à ma mère de me mener entendre Don Juan.

Devant le récit de l’émotion que me fit éprouver cet incomparable chef-d’œuvre, je me demande si ma plume pourra jamais la traduire, je ne dis pas fidèlement, cela me paraît impossible, mais au moins de manière à donner quelque idée de ce qui s’est passé en moi pendant ces heures uniques dont le charme a dominé ma vie comme une apparition lumineuse et une sorte de vision révélatrice. Dès le début de l’ouverture, je me sentis transporté, par les