Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/65

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solennels et majestueux accords de la scène finale du Commandeur, dans un monde absolument nouveau. Je fus saisi d’une terreur qui me glaçait ; et, lorsque vint cette progression menaçante sur laquelle se déroulent ces gammes ascendantes et descendantes, fatales et implacables comme un arrêt de mort, je fus pris d’un tel effroi que ma tête tomba sur l’épaule de ma mère, et qu’ainsi enveloppé par cette double étreinte du beau et du terrible, je murmurai ces mots :

— Oh ! maman, quelle musique ! c’est vraiment la musique, cela !

L’audition de l’Otello de Rossini avait remué en moi les fibres de l’instinct musical ; mais l’effet que me produisit le Don Juan eut une signification toute différente et une tout autre portée. Il me semble qu’il dut y avoir entre ces deux sortes d’impressions quelque chose d’analogue à