Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/82

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tache ! Je crus rêver. J’avais cinq mois devant moi ; je me mis résolument à l’œuvre, et, au jour dit, j’étais prêt, grâce à l’activité laborieuse de ma mère qui m’avait aidé à copier les parties d’orchestre, car nous n’avions pas le moyen de payer un copiste. Une messe à grand orchestre, s’il vous plaît ! je la dédiai, avec autant de témérité que de reconnaissance, à la mémoire de mon cher et regretté maître Le Sueur, et j’en dirigeai, moi-même, l’exécution à Saint-Eustache.

Ma messe n’était certes pas une œuvre remarquable : elle dénotait l’inexpérience qu’on pouvait attendre d’un jeune homme encore tout novice dans le maniement de cette riche palette de l’orchestre dont la possession demande une si longue pratique ; quant à la valeur des idées musicales considérées en elles-mêmes, elle se bornait à un sentiment assez juste, à un instinct