Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/95

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desquels je pouvais trouver quelque adoucissement à ma solitude et, au besoin, des soins affectueux et dévoués.


Notre soirée du dimanche se passait habituellement dans le grand salon du directeur, chez qui les pensionnaires avaient, ce jour-là, leurs entrées de droit. On y faisait de la musique. M. Ingres m’avait pris en amitié. Il était fou de musique ; il aimait passionnément Haydn, Mozart, Beethoven, Gluck surtout, qui, par la noblesse et l’accent pathétique de son style, lui semblait un Grec, un descendant d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide. M. Ingres jouait du violon : ce n’était pas un exécutant, moins encore un virtuose ; mais il avait, dans sa jeunesse, fait sa partie de violon dans l’orchestre du théâtre de sa ville natale, Montauban, où il avait pris part à l’exécution des opéras de Gluck.