Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/98

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On connaît le mot célèbre de M. Ingres : « Le dessin est la probité de l’art. » Il en a dit devant moi un autre qui est toute une synthèse : « Il n’y a pas de grâce sans force. » C’est qu’en effet la grâce et la force sont complémentaires l’une de l’autre dans le total de la beauté, la force préservant la grâce de devenir mièvrerie, et la grâce empêchant la force de devenir brutalité. C’est l’harmonie parfaite de ces deux éléments qui marque le sommet de l’art et qui constitue le génie.

On a dit, et beaucoup l’ont machinalement répété, qu’il était despotique, intolérant, exclusif ; il n’était rien de tout cela. S’il était contagieux, c’est qu’il avait la foi, et que rien au monde ne donne plus d’autorité. Je n’ai vu personne admirer plus de choses que lui, précisément parce qu’il voyait mieux que personne par où et pourquoi une chose est admi-