se laisser accabler. Elle releva le front, et, très calme, très grave, elle dit :
« Hans, vous êtes injuste ; votre sœur est méchante, elle me déteste et vous indispose contre moi ; soyez sûr que jamais, jamais je ne manquerai aux devoirs que je dois à Dieu d’abord, à vous et à moi ensuite. »
Le petit mouton d’antan faisait tête à l’orage. Hans en resta grandement étonné, mais ces quelques mots lui ouvrirent les yeux ; il vit à quel point sa sœur était prévenue contre sa femme, et il revint vers celle-ci avec douceur.
« Pardonnez-moi, mon enfant, si je vous ai causé de la peine, je ne veux être injuste pour personne ; ma sœur est ma première tendresse, vous la meilleure ; trouvez donc en cette certitude la consolation contre les petites misères de la vie commune, et que je ne puis, sans manquer de cœur à l’égard d’Edvig, arranger autrement. »
Michelle se contenta de cette promesse vague ; elle se dit qu’en effet, la situation de son mari était loin d’être aisée, qu’il était impossible de remédier à un état de choses qui ne pouvait s’améliorer que par une séparation dont son mari lui garderait certainement rancune, si elle la provoquait. Elle se dit que nombre d’existences étaient plus dures que la sienne, et elle remercia Dieu de lui avoir donné le courage et la foi.