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III


Au mois de janvier, les Hartfeld partirent pour Berlin. Hans devait se montrer à la cour, présenter sa femme à la haute société de la capitale. Il le fit avec l’orgueil satisfait qu’il apportait à tout acte où sa chère Michelle était en jeu. Elle se laissa conduire avec sa grâce souriante et douce, quoiqu’elle aimât peu les fêtes, peu les bals où la situation de son mari l’obligeait à se rendre. Cependant, elle eut la joie d’y trouver une fois son amie Rita Rosaroff qui, de passage à Berlin, assistait à une fête de la cour. Elle lui présenta son fils Max en congé pour quelques mois, et quelle ne fut pas la surprise de Michelle en reconnaissant dans un jeune homme qui accompagnait Max, le peintre des ruines d’Eberstein, Georges Rozel.

« Quoi ! vous vous connaissez ! exclama la princesse.

— Oui, dit Michelle, nous nous sommes rencontrés au fond des bois. Monsieur était l’anachorète et moi la voyageuse égarée.

— À propos, Madame, fit le peintre, savez-vous que je suis retourné faire un pèlerinage là-bas. J’y ai installé la statuette de la Sainte Vierge, ainsi que nous l’avions promis. Seulement j’ai pris garde, cette fois, de ne pas me croiser avec la redoutable propriétaire et j’ai arrangé ma grotte dans une cachette intérieure des ruines.