Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/121

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divers faisaient couler : souci de sa grand’mère, si abandonnée, et de sa mère ; nostalgie de son pays, de sa vie libre. Ah ! comme c’était déjà loin son enfance !

Cependant l’hiver s’acheva paisible, la jeune comtesse n’alla plus guère dans le monde ; elle n’y tenait pas et trouvait, au contraire, un charme infini à rester le soir, auprès du feu, son Wilhem sur les genoux.

Edvig sortait presque chaque soir. Et Hans était obligé à beaucoup de devoirs officiels ; alors Michelle restait seule, en face d’elle-même. Elle ne trouvait nul ennui, occupée de mille choses, qu’elle cousait pour son enfant. Quand son mari rentrait, il la trouvait toujours l’attendant souriante ; et il se reposait alors à ce foyer si doux, berçant son fils à son tour.

Ce fut pendant l’une de cas soirées que Michelle obtint de son mari la consolante promesse que le nouvel enfant — celui qui allait venir apporter une joie de plus à la famille — serait baptisé par un prêtre catholique, que sa mère l’instruirait dans sa religion. La seule condition que mit le comte à son acquiescement fut qu’Edvig l’ignorerait. En conséquence, les deux époux convinrent de partir pour Rantzein, où ils attendraient la naissance du bébé.