Les choses s’arrangèrent ainsi. Mlle Hartfeld resta à Berlin et le roi accorda au comte la permission de retourner à sa terre. Quelques semaines plus tard, Michelle avait un autre fils. On le porta un matin dans la petite chapelle catholique de Levenbach, et il reçut le nom d’Heinrich. La princesse Rosaroff et son fils furent ses parrain et marraine. Mlle Harlfeld et le prince Alexis l’avaient été du premier-né.
La joie de la jeune mère fut immense. Son cœur débordait de reconnaissance et d’amour envers le ciel. Le printemps à Rantzein se passa ainsi qu’un rêve de paix intime, entre le père, la mère et les deux enfants, la pomme de discorde étant au loin.
Wilhem, grand et fort pour son âge, ressemblait à son père dont il avait les traits énergiques, le regard ferme, les cheveux blonds. Heinrich ouvrait de beaux yeux roux dorés comme un rayon de soleil — ceux de sa mère — où se lisaient déjà de la tendresse et de la douceur.
Hans aimait beaucoup à montrer son pays à sa femme, à le lui faire admirer ; souvent ils parlaient tous deux ; les enfants, sous la garde des nourrices, auxquelles Michelle avait voulu adjoindre Minihic comme surveillant et protecteur des promenades. Le petit Breton, très fier de ce rôle, le prenait en conscience, suivant Wilhem qui courait déjà, lui construisant de petits bateaux, qu’il lançait sur la pièce d’eau.