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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/128

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bonne raison : nous allons avoir de formidables manœuvres d’artillerie, je dois être à la tête de mon régiment. Je vais écrire au prince. »

Michelle tendit la main à son mari.

« Oh ! je vous en supplie, s’il se prépare quelque chose contre la France, ne faites rien d’hostile, restez neutre, Hans, pour l’amour de moi. »

Un pli se creusa au front du comte.

« C’est juste, vous êtes Française et voilà où la chaîne qui nous lie est blessante. Sincères tous deux, loyaux tous deux, nos désirs ne s’allient plus. »


V


Le lendemain de ce jour, deux dépêches arrivaient à Rantzein : l’une, portant l’estampille française, était de Lahoul, elle contenait ces mots :

« Marquise de Caragny très affaiblie, souhaite ardemment voir sa petite-fille. »

La seconde était un ordre de départ immédiat pour Berlin. Hans devait y être le soir.

Il donna aussitôt à son valet de chambre les instructions nécessaires à son léger bagage et il se rendit près de sa femme.

Michelle, installée sur l’herbe rase d’une pelouse, jouait et riait avec ses deux enfants. L’air grave de son mari lui jeta un pressentiment au cœur. Il s’assit près d’elle :

« Ma pauvre enfant, il faut que je parte pour Berlin aujourd’hui même.

— Ah ! vous m’emmenez !

— Oui, c’est-à-dire non, mais vous partez aussi.

— Avec vous ?

— Non, ma petite Michelle, sans moi. Je voudrais pouvoir vous accompagner, mais l’ordre du roi est précis, je ne puis m’y sous-