Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/130

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« Edvig, dit-elle, un malheur me frappe : Je vais perdre ma grand’mère. Je dois partir à l’instant. Je compte sur votre bienveillance et votre tendresse pour avoir soin de mes fils.

— Soyez tranquille, ma sœur, ils ne perdront pas au change. J’ai appris par mon frère votre départ à tous deux, et j’ai donné des ordres en conséquence. Je réponds de mes neveux, je vous enverrai de leurs nouvelles. » Sur ces mots, elle tendit la main à Michelle, qui la pressa affectueusement, tant elle était reconnaissante de pouvoir s’en aller tranquille au sujet de ses chers petits.

Son mari prenait une direction opposée à la sienne et partait un peu plus tard. Il l’accompagna jusqu’au train, lui fit promettre une lettre quotidienne, et, quand la locomotive entraîna celle qu’il aimait, il sentit à quel point elle lui tenait au cœur.

De retour à Rantzein, où quelques instants encore lui restaient à passer, il alla trouver sa sœur avec son habituelle confiance gardée de l’enfance. Il pria son aînée de le conseiller.

« Dois-je accepter ce poste à Paris, Edvig ? Que vous semble d’une mission où rien de précis ne m’est imposé, où je dois pressentir les intentions de mes chefs et les accomplir sans leur avouer jamais les avoir comprises.

— Je pense, Hans, que l’amour de la patrie ennoblit tous les actes, que l’homme doit se placer assez haut dans sa propre estime