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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/138

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Elle savait que chez le matelot, la dévouée servante serait soignée, tranquille.

Le petit cortège descendit le lendemain vers l’église de Saint-Enogat, l’église était remplie. Tout le village était là, la marquise depuis si longtemps dominait du haut de sa roche ! On ne la verrait plus le dimanche prier en son banc ; sa maigre, haute et austère silhouette avait disparu à jamais…

Le soir de ce jour, la petite Mouette dit adieu à son nid ; elle voulut parcourir une dernière fois toutes les pièces de la vieille forteresse, elle s’emplit les yeux de cette lamentation des choses qui meurent, elle vit que les lierres, les pourpiers avaient envahi sa chambre, enfoncé sa fenêtre et que maintenant les petits oiseaux venaient s’abriter dans sa tour.

Le peu de linge et de meubles qui restaient furent enlevés par Lahoul, et Michelle ferma la porte, mit en sa poche la grosse clé et, s’agenouillant, baisa le seuil. Puis, sans se retourner, elle descendit la falaise, les yeux sur l’horizon où la mer bleue se perdait dans le ciel.

Le vent pouvait maintenant emporter le nid de la petite Mouette puisqu’elle n’avait plus de patrie.


VII


Trois mois plus tard, Michelle était assise dans les Champs-Élysées ; ses enfants qu’on