sine Rita, fixée à Paris pour quelques semaines, et surveiller les promenades de ses enfants. La vie de son mari était toute différente : Hans du matin au soir était dehors. Il s’était fait recevoir des grands cercles. Il s’était lié avec des diplomates étrangers, des officiers français ; il visitait les forts quand le hasard des « rallyes-paper » qu’il organisait se dirigeait de ce côté ; il avait aussi été à l’École d’artillerie de Versailles, à la poudrerie du Bouchet : partout on l’appréciait ainsi qu’un gai et charmant compagnon. De partout, il revenait chargé de photographies, de dessins, dont il composait un album de souvenirs. Le soir, il écrivait et classait ses notes jusqu’à une heure avancée, et c’est à peine si sa femme pouvait causer avec lui, retrouver leur intimité et elle en souffrait étrangement. Prise d’un malaise inguérissable devant cette organisation de vie, si différente des goûts de Hans Hartfeld, elle tremblait d’en saisir le motif. La nuit précédente un bruit léger l’avait brusquement éveillée ; craignant qu’un de ses enfants ne fût indisposé, elle s’était aussitôt levée et sur la pointe des pieds avait gagné leur chambre séparée de la sienne par une double portière en tapisserie. Les deux bébés dormaient d’un sommeil d’ange ; mais sous la porte, donnant directement dans le cabinet du comte, une lueur filtrait.
À cette heure, après minuit, Hans travaillait donc encore !
« Il n’est pas raisonnable, s’était dit Michelle, il abuse de ses forces, je vais l’appeler. »
Et elle avait, tout doucement, tourné le bouton de la porte, afin de ne pas éveiller les petits garçons, et entrebâillé le battant.