Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/141

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Le comte n’était pas seul. Un homme se tenait près de lui, Tous les deux se penchaient sur une grande carte, où des lignes se croisaient. Ils échangeaient à voix basse des mots brefs. Le visiteur nocturne était fort pâle :

« Allons, finissons-en, dis Hans d’un ton impatient : écrivez en bas l’effectif.

— Mon écriture ! y pensez-vous ?

— Alors, dictez. Je le mettrai moi-même. »

L’homme murmura des chiffres, aussitôt inscrits par le comte. Ce fut l’affaire d’une minute, Hans se releva :

« Voici votre chèque, dit-il, et partez. »

Au bout des doigts, il tendait un papier, avec un air de mépris, dédaigneux. L’autre, l’étranger, s’en saisit d’une main tremblante, s’inclina, chercha sans le voir, tant il paraissait troublé, son chapeau, et finit par sortir en disant :

« À demain, je vous apporterai le reste. Je n’ai pas une seconde à perdre ; c’est long à copier en une nuit, et il faut que l’original soit remis en son casier au jour.

— Ceci vous regarde, » répondit le comte, et il referma la porte avec précaution.

Michelle s’était sentie près de défaillir. Ce mystère, ces papiers, cet argent, cet homme à l’air fourbe, effrayé, venant en pleine nuit, qu’est-ce que cela voulait dire ? Quelle œuvre de ténèbres s’accomplissait auprès d’elle ?