Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/156

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tégrer son corps d’armée pour cause de mobilisation immédiate. »

« Nous partons, mon enfant, » dit Hans à sa femme.

On était alors au commencement de juillet, et Michelle espérait aller passer quelques semaines à la mer, vers sa Bretagne, aussi, répondit-elle joyeuse :

« À Saint-Malo ? »

Il secoua la tête gravement.

« À Rantzein, où vous vous rendrez avec les enfants, pendant que j’irai rejoindre mon régiment.

— Ah ! mon Dieu, il y a quelque chose ?

— Je le crains, mais je n’ai aucune certitude absolue, cependant, tout l’indique. Hâtez les préparatifs de départ.

— Mais j’ai une foule de choses à régler !

— Les détails de ce genre ne sont plus rien ; songez que je serais d’une inquiétude mortelle en vous sachant ici sans moi.

— Comment, vous me quittez !

— L’ordre est formel. Je pars ce soir seul.

— Vous me laissez les enfants ?

— Il le faut. La rapidité avec laquelle je vais voyager leur donnerait la fièvre.

— Hans, dites-moi tout, en grâce : nous avons la guerre ?

— Hélas ! ma pauvre enfant !

— Vous allez vous battre ! Mon Dieu, mon Dieu ! et contre la France !

— Calmez-vous, Michelle. Cette lutte sera courte, terrible je le crains, mais ne vous effrayez pas outre mesure. Je suis déjà revenu de Sadowa. Allons, soyez énergique. Les larmes ne changeront rien aux choses et si vous ne vous dépêchez, vous pourrez courir avec les enfants, de grands dangers. »

Il savait qu’en parlant des enfants, il tou-