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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/157

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chait la meilleure corde du cœur de sa femme, il continua :

« Vendez vile à n’importe quel prix le mobilier ; emballez ce que vous souhaitez garder, ne dites à personne ce que vous savez. Je viens de télégraphier à Alexis Rosaroff de venir vous protéger en mon absence et en tous cas vous aider. »

Michelle, atterrée, les yeux soudain creusés, comprenait l’étendue de son malheur. Machinalement, elle ouvrait des tiroirs, en vidait le contenu. Hans reprit encore :

« Dites à votre mère, qu’elle fera bien de retourner en Bretagne.

— Elle ne voudra pas. Pourquoi ?

— Parce que Paris sera sans doute envahi ?

— Paris !

— Enfin, conseillez-lui de s’installer à Saint-Malo. Après, si elle refuse, vous aurez accompli votre devoir. »

Le dîner fut triste. Wilhem et Heinrich causèrent à peu près seuls ; leur père était anxieux, le colonel devait être à la gare à neuf heures et il attendait la dernière minute pour quitter les siens, espérant toujours voir arriver Alexis, et lui remettre sa petite famille. Ah ! la patrie a de dures exigences !

Il dut faire avancer la voiture. Huit heures et demie sonnaient, la gare de l’Est est loin de l’avenue d’Antin. Il n’avait qu’une petite valise contenant ses papiers, un peu de linge ; il étreignit les siens sur son cœur :

« Oh ! mes trésors aimés, comme je donnerais bien mon sang pour vous éviter cette atroce douleur ! »

Et comme Michelle pleurait silencieusement :