Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/186

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Elle écarta les lianes qui retombaient en berceau au-dessous des pierres surplombantes et ils purent s’asseoir dans cette espèce de niche, qu’un rideau de feuillage protégeait.

Il était temps, une troupe débouchait à la lisière. Dans le crépuscule, on voyait luire les armes. Le rire des soldats arrivait à travers le silence des bois. Ils avançaient, causant gaiement entre eux. Une voix frappa l’oreille de Michelle, une voix connue.

Hans retenait son souffle, le front dans ses mains, il comprimait les battements désordonnés de ses tempes.

« Vive la France ! disait cette voix. L’ambulance est à nous. Il doit y avoir là-dedans de bonnes captures à faire. Ah ! nous avons bien travaillé ce soir ! Comme ils ont lâché pied ces Prussiens !

— Où sommes-nous, capitaine ? fit une autre intonation.

— Ma foi, je n’en sais rien, dans un bois, où il fait noir comme dans un four, c’est certain. Il me semble que de l’autre côté de cette colline, nous devrions rallier notre artillerie. Avons-nous encore des fusées ?

— Pas une seule.

— Il faut marcher avec précaution. Il ne s’agit pas d’aller nous jeter dans une embuscade de mangeurs de choucroute ; nous sommes ici parfaitement isolés.

— Est-ce que nous ne pourrions pas nous