« Je suis égarée, je voulais sortir du bois.
— Enfin, d’où venez-vous ? Comprenez, en grâce, Madame, que je suis ici chef d’un parti français, que je réponds de la vie, de l’honneur de tous, et que je ne puis me prêter aux observations de… de l’ennemi.
— Moi ! l’ennemi ! Moi qui donnerais ma vie pour la France ! Oh ! combien cruel et injuste vous êtes. Je vous jure sur ce que j’ai de plus cher au monde, que je suis digne de votre estime.
— Mais je vais être forcé de vous garder prisonnière, Madame.
— Moi ! une femme !
— Si je vous laisse aller et que vous révéliez le secret de notre campement.
— Oh ! Dieu ! » exclama Michelle les yeux au ciel.
Le ton de ce oh ! était si indigné, que Georges Rozel saisit bien l’étendue de la douleur subie par la pauvre créature, victime des événements inhumains qui s’accomplissaient.
« Si je vous laisse libre, dit-il enfin, après un silence observateur, où irez-vous ?
— Chercher mon mari blessé, mourant.
— Où ?
— Je vous ai dit que je le cherchais.
— Seule ?
— Oui, seule. »
Il hésitait.
« Depuis quand êtes-vous ici, près de nous ? Avez-vous rencontré ou aperçu une petite troupe française ?